jeudi 14 mai 2015

Textométrie et approche qualitative


Une nouvelle contribution de Pierre Beaufils sur la textométrie. En attendant son séminaire du 16 Juin sur le même sujet...

Quand on a des textes, discours et enregistrements à analyser, on pense naturellement à appliquer de méthodes dites qualitatives d’analyse de contenu et codage, en se focalisant sur ce que veut dire le récit, le signifiant et donc le sens du discours.

Point de vue « de l’intérieur » ou du patient
Il me semble qu’on opère un point de vue « de l’intérieur » un peu comme si le discours était la fenêtre des pensées et émotions du locuteur. Et il sera en effet intéressant d’avoir une approche centrée sur la subjectivité, le vécu, les sentiments du locuteur ou du patient, s’il s’exprime au sujet de son vécu du point de vue de SA maladie, de SA souffrance.
La compréhension passera aussi par la subjectivité du receveur, l’empathie et les images qui se formeront, avec son expérience et sa perception du moment.

Point de vue « de l’extérieur » ou de l’expérimentateur
Mais il me semble qu’on peut avoir une autre approche que j’appellerai de « l’extérieur », et la textométrie nous y encourage :
En effet, en combinant de méthodes statistiques forcément quantitatives de comptage, fréquence, de spécificité, cooccurence etc… on opère un glissement pour analyser le discours de l’extérieur, un peu comme on analyse un substrat biologique :
Les mots sont par analogie une production biologique une « logorrhée », qui va avoir des attributs de qualité et quantitatifs de débit, nombre de mots, richesse, absence ou présence de mot ou de syntaxe, longueur de phrases….

L’acquisition et la perte du langage
On peut ainsi s’intéresser à l’apparition et la disparition du langage, avec ces deux approches : le vocabulaire, mais également la syntaxe, et la richesse des idées peuvent faire l’objet de classement, mais aussi de quantification :
Je pense à l’ étude « Nun study » (étude portant sur des religieuses américaines, qui ont accepté qu’après leur décès, soit réalisée des autopsies du cerveau, pour argumenter la survenue de maladie d’Alzheimer (exemple issu du livre du Dr Bernard Croisile « Alzheimer, que savoir ?, que craindre ?, qu’espérer ? »)
 « Agées entre 19 et 37 ans à leur entrée dans les ordres, ces religieuses ont toutes rédigé à ce moment un texte autobiographique dont l’analyse ultérieure a montré qu’une pauvreté d’idées exprimées prédisait rétrospectivement la survenue d’un Alzheimer : La faible performance rédactionnelle écrite était fortement corrélée à l’atrophie cérébrale et à la densité des dégénérescence fibrillaires observées lors de l’autopsie réalisée soixante ans plus tard. »
J’ajouterai que ces biographies ont également montré une corrélation inverse entre les émotions positives et le risque de décès en fin de vie. (Positive Emotions in Early Life and Longevity: Findings from the Nun Study)
Voici un extrait de deux biographies de charge émotionnelle différente :
The following sentences, from the beginning and ending of two autobiographies, demonstrate differences in emotional content:
 Sister 1 (low positive emotion): I was born on September 26, 1909, the eldest of seven children, five girls and two boys ... . My candidate year was spent in the Motherhouse, teaching Chemistry and Second Year Latin at Notre Dame Institute. With God's grace, I intend to do my best for our Order, for the spread of religion and for my personal sanctification.
 Sister 2 (high positive emotion): God started my life off well by bestowing upon me a grace of inestimable value... . The past year which I have spent as a candidate studying at Notre Dame College has been a very happy one. Now I look forward with eager joy to receiving the Holy Habit of Our Lady and to a life of union with Love Divine.

De là à considérer toute prise de parole ou prise de son comme une prise de sang, je suis bien conscient que la comparaison a des limites, ne serait-ce parce-que les variables à mesurer ne sont pas uniquement les 50 000 mots du vocabulaire, mais toutes les variétés de combinaisons de mots qui formeront les idées, les expressions des pensées et des sentiments, ce qui donne un champ de variables quasiment illimité.

Il semble plus accessible de s’intéresser à la construction (la syntaxe) des phrases d’une part  car les variables se restreignent à dénombrer des formes (part of speech) en quantité limitée, et à l’émergence du langage en début de vie d’autre party, mais est-ce vraiment plus aisé ?  à suivre…



dimanche 10 mai 2015

Séminaire Quali/Quanti de l'année 2013-2014

Percevoir et représenter les données (Pierre Beaufils, 17/11/2013) ici
Narrativité numérique (Bruno Falissard, 17/12/2013) ici
Recensement de l'invisible (Hervé Perdy, 28/01/2014) ici
Les bayesiens sont-ils des conteurs d'histoires ? (Bruno Falissard, 18/02/2014) iciLes états mentaux sont ils mesurables (Hervé Guyon, 18/03/2014) ici

vendredi 8 mai 2015

Cours sur les méthodes qualitatives

Ça y est ils sont disponibles sur le drive ici.
(ce sont les vidés numérotées de 1 à 9)
Merci à JS et à Massi !